Dans le cadre de notre dossier « Les Guides : Ils nous aident à évoluer », Laurie Dejeux (coach en développement personnel et professionnel) a accepté de faire un point sur son métier et sur les grands enjeux du secteur du développement personnel.
Developpement-personnel.Com : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Laurie Dejeux : Je m’appelle Laurie Dejeux et suis coach en développement personnel et professionnel dans la région toulousaine (et partout en France avec la visio). Ce métier est une reconversion que j’ai effectuée en 2021 suite à une importante période de remise en question. Comme beaucoup de Français, j’ai subi une période de chômage partiel durant le Covid. Concrètement, je n’ai pas mis un pied en entreprise pendant 1 an. Et ça a été très compliqué à accepter. Je trouvais ça assez ironique sachant que je bossais dans la communication et que le télétravail aurait pu être une alternative. Mais non. Du coup, pour ne pas subir cette longue période d’inactivité professionnelle, je me suis demandée comment je pouvais l’exploiter en ma faveur. J’ai donc voulu occuper mon temps en faisant des choses qui me procuraient du bien-être : bricolage, yoga, cuisine, lecture, danse et apprentissage. C’est une période où je me suis aussi beaucoup formée : herboristerie, nutrition et bien-être, naturopathie… Pendant cette période de chômage forcé et de confinement, on a du temps, beaucoup de temps ! J’ai donc dit bonjour à l’introspection et à sa cousine la rétrospection. Ça a été l’opportunité de faire un petit bilan sur ma vie. J’ai beaucoup lu d’ouvrages et de romans sur le développement personnel et me suis posée des questions concrètes. Est-ce que tu es épanouie et satisfaite de ta vie ? Es-tu heureuse dans ton job ? Sinon, comment l’être ? Questions ? Réponses ! Sans trop de suspens, j’ai réalisé que je ne trouvais plus de sens dans mon travail et que j’avais besoin d’autre chose. J’ai toujours eu cette propension à écouter les autres et j’avais envie de transmettre ce que le développement personnel m’avait apporté. Les choses ont donc commencé à se dessiner, et j’ai réalisé que je voulais accompagner. Ok, mais comment ? Après des recherches et l’aide d’un CEP (conseiller en évolution professionnelle) j’ai trouvé ce qui me correspondait, le coaching. J’ai donc sélectionné une école certifiante me permettant de faire la formation à distance, car entre-temps, j’étais retournée dans l’entreprise. Me voilà donc partie dans de longs mois d’ermite à étudier, coacher, lire, faire des visio, des supervisions, rédiger un mémoire, et enfin passer les examens et décrocher ma certification pour devenir coach professionnel et personnel. Après avoir fait des coachings en activité secondaire, j’ai décidé de quitter mon entreprise en septembre 2023 afin de m’y consacrer à temps plein.
Pouvez-vous expliquer à nos lecteurs en quoi consiste votre métier et quels sont vos domaines d’interventions ?
J’accompagne les gens à être acteur et responsable de leur vie.
Concrètement, le coaching consiste à amener une personne qui se trouve dans une situation qui ne lui convient plus, vers une situation qu’elle désire.
On me demande souvent « ok, mais ça concerne quoi exactement » ? Tout (super réponse hein) !
Le coaching peut concerner tous types de thématiques, qu’elles soient personnelles ou professionnelles. (Re) prendre confiance en soi, arrêter de procrastiner, être indépendant(e), trouver du sens dans son travail, définir ses projets de vie, assainir ses relations, comprendre et optimiser ses émotions. Bref, tout est possible !
Mon rôle dans tout ça va être d’apporter un cadre permettant au client d’atteindre la situation de changement désirée.
Pour ça, on établit un contrat, on définit un objectif de coaching, on met en place des plans d’action, on échange et on travaille.
Au-delà même de l’atteindre de son objectif, ce qui m’importe pendant mes accompagnements, c’est que la personne coachée se soit (re) trouvée et qu’elle soit enfin alignée avec son identité profonde. Le but est simple : qu’elle prenne conscience de toutes ses ressources et puisse révéler son plein potentiel !
Quels outils, approches ou techniques ou technologies, utilisez-vous dans votre pratique ?
Le coaching permet, grâce à des outils complets et variés, de déverrouiller les blocages qui nous empêchent d’atteindre un objectif de changement.
L’accompagnement que je propose est un doux mélange entre introspection, compréhension de soi et actions, le tout guidé avec douceur et humour.
Ma boîte à outils est variée :
En séance, on échange, j’écoute, beaucoup (c’est la base du coaching), et selon le client et l’instant T, je peux m’appuyer sur des théories et des concepts tels que la PNL (programmation neurolinguistique), l’analyse transactionnelle, ou encore utiliser le questionnement.
Je peux aussi me servir de protocoles spécifiques que je vais estimer pertinents, des jeux ou encore des visualisations. Je m’autorise aussi à écouter mon instinct et fais en sorte de proposer des outils personnalisés au maximum à la personne que je coache. Je vais utiliser le dessin si la personne est créative par exemple. Entre les séances (car non, le travail ne se fait pas qu’en séance.), je donne aussi des missions aux coaché(e)s : des exercices d’introspection et de consolidation ou le déploiement de plans d’action (définis en séance).
Pouvez-vous partager un exemple de réussite ou de transformation personnelle que vous avez observé chez un de vos clients/Patients grâce à votre savoir-faire ?
Je dirais qu’une des choses qui m’émeut le plus et qui ne fait que me conforter dans mon métier, c’est de voir l’évolution des client(e)s, au fil des séances.
Des fois, c’est flagrant, d’une séance à l’autre, le client s’affirme dans ses propos, devient force de proposition, il prend son coaching en main. On voit vraiment l’éclosion de la personne.
Des fois le changement est même physique, particulièrement sur les personnes qui viennent à la base avec une problématique liée à l’estime de soi. J’avais une cliente qui n’osait jamais se mettre en avant, qui avait une image d’elle vraiment basse. Un jour, elle est arrivée avec une nouvelle coupe de cheveux et habillée avec un short (chose qu’elle s’interdisait par peur du regard des autres). Alors, pour certains, cet exemple va paraître anodin, mais ça a été le tournant dans son accompagnement. Juste oser être elle-même. Ce qui me touche le plus c’est que souvent le coaché ne se rend même pas compte qu’il change et grandit. Et en tant que coach, notre devoir n’est pas de lui faire la « ola » quand ça arrive. Notre travail n’est pas d’encenser notre client.
Le but est qu’il réalise par lui-même les choses. Bien sûr, la stimulation positive doit être là, mais un coach ne doit pas devenir la pompom girl de son client ! Lorsque le coaching va se terminer, le client va avoir l’impression de ne plus avoir cette source de motivation et ça, c’est hors de question. En tout cas, c’est ma vision des choses ! Je veux que le coaché devienne indépendant, à tous niveaux.
Quels sont les principaux défis à relever dans votre métier, et comment les surmontez-vous ?
Pour moi, il y a une problématique sur l’image du coaching.
Malheureusement, ce n’est pas encore un métier encadré. Résultat, tout le monde peut monter son entreprise de coaching, sans même avoir suivi de formation sérieuse. C’est la porte ouverte à la dérive. On le voit, il y a une prolifération de coachs en tout genre. Des prétendus coachs qui vous promettent « 12 jours pour devenir un milliardaire » ou « un serial loveur ». Ça me dérange beaucoup, car ils décrédibilisent complètement le métier de coach et dénaturent entièrement son rôle.
Résultat, l’image des coachs n’est pas toujours glorieuse, même si elle commence à mieux se porter.
Donc il faut donc prouver six fois plus son sérieux et son professionnalisme. Mais je relève le challenge ;). Du point de vue personnel, mon principal défi est la prospection. Aller se vendre et démarcher, n’est pas mon métier, je ne suis pas commerciale donc ce n’est pas la tâche qu’il m’est la plus facile. Mais bon, si je ne sors pas de ma zone de confort, je serais mal placée pour dire à mes client(e)s qu’il faut le faire ! Donc, je prends sur moi et je me mets un plan d’action. Ça sert d’être coach finalement ;).
Comment voyez-vous l’avenir du développement personnel et son impact sur la société ?
Je suis intimement convaincue que le monde se porterait bien mieux si chaque individu se concentrait sur son propre développement émotionnel et psychologique.
J’ai le sentiment que le monde actuel est en pleine déconstruction et les jeunes générations se retrouvent sans aucun repère. Or, grandir et apprendre à se construire dans le chaos me semble particulièrement complexe, voire angoissant.
Le développement personnel peut être déterminant dans ce contexte. Apprendre à se connaître, à comprendre son fonctionnement, à trouver ce qui nous anime et nous rend heureux me semble être la clé.
Si chacun prenait le temps de faire un travail sur soi, plutôt que de reporter ses névroses sur les autres, le monde serait bien plus apaisé !
Pour moi, chaque individu devrait faire un travail de développement personnel, que ce soit à travers des thérapies pour travailler sur son passé, et avancer plus sainement dans la vie, ou en faisant appel à des coachs pour arriver à s’affranchir, se responsabiliser et kiffer sa vie !
De votre point de vue, quels sont les nouveaux enjeux de votre métier dans le monde actuel ?
Je dirais que l’arrivée de l’intelligence artificielle inquiète tous les secteurs et pose débat.
Mais je mesure mon inquiétude, car aucune IA ne pourra égaler l’intelligence émotionnelle et tout ce qui compose un individu.
Avez-vous des anecdotes ou des histoires inspirantes liées à votre travail dans le développement personnel que vous pourriez partager ?
C’est compliqué de partager une histoire inspirante en particulier, car elles le sont toutes.
Cela rejoint ce que je disais plus haut, mais je dirais tout simplement constater l’évolution des coaché(e)s, et voir à quel point chaque individu à la force nécessaire pour tout entreprendre.
Toutes les personnes qui s’investissent dans un coaching atteignent leur objectif et prennent conscience qu’elles sont leur plus grand auto-saboteur autant que leur propre sauveur et moteur. Les voir révéler leur plein potentiel à la fin de chaque accompagnement est magique.
Propos recueillis par Mathilde Flory
