Dans le cadre de notre dossier « Les Guides : Ils nous aident à évoluer », Aurélie Joron (professeur de yoga inclusif) a accepté de faire un point sur son métier et sur les grands enjeux du secteur du développement personnel.
Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Je m’appelle Aurélie , et je suis professeur de yoga inclusif. Mon métier consiste à offrir des cours de yoga adaptés à tous, en prenant en compte les besoins spécifiques des personnes présentant un trouble du spectre autistique (TSA), ainsi que ceux des personnes en situation de handicap. Cela inclut des pratiques telles que le yoga sur chaise, qui rend le yoga accessible à ceux qui ne peuvent pas pratiquer au sol. Ce qui m’a motivé à me lancer dans cette activité, c’est une demande du Centre d’Accueil et d’Accompagnement pour Jeunes (CAAJ) où je travaille depuis 10 ans, ainsi qu’une demande parallèle d’Entraide Autisme. À mon arrivée, il n’existait aucune méthode spécifique pour enseigner le yoga aux personnes ayant des besoins particuliers. J’ai donc entrepris des recherches approfondies et expérimenté différentes approches pour développer une méthode de handi-yoga, un yoga adapté à tous. Mon parcours dans le domaine de l’inclusion a débuté très tôt. À 16 ans, je dansais dans des maisons de retraite, et à 18 ans, je me suis occupée de personnes handicapées pour la Croix-Rouge lors de la venue de Jean-Paul II en France. Cet engagement dans l’univers inclusif a toujours été en accord avec mes valeurs personnelles et professionnelles.
Pouvez-vous expliquer à nos lecteurs en quoi consiste votre métier et quels sont vos domaines d’interventions ?
Je donne des cours de yoga adapté à tous, aussi bien du yoga pour les personnes présentants un autisme, que les enfants et adultes en situation de handicap mental et du yoga sur chaise pour les séniors et les personnes ne pouvant plus s’allonger sur un tapis. Je donne également des cours de Hatha Yoga non adapté. J’organise des retraites bien-être, des retraites dédiées à un public en situation de handicap. J’ai crée un formation handi-yoga diplomante.
Quels outils, approches ou techniques ou technologies utilisez vous dans votre pratique ?
Le yoga a une approche liée au souffle et à la pratique physique. Il faut guider et aider parfois les pratiquants pour les réaliser. En termes de matériel il faut : un minuteur, un bol tibétain, des pictos ( images avec les postures pour le public TSA) et des jeux….
Pouvez-vous partager un exemple de réussite ou de transformation personnelle que vous avez observé chez un de vos clients / Patients grâce à votre savoir faire ?
La réussite est subjective parfois il faut 6 mois pour qu’un élève lève sa jambe seule ce qui est déjà une victoire. D’autres élèves pratiquent depuis 10 ans et y prennent toujours autant de plaisir et améliore leurs postures. Une joie pour nous en tant qu’enseignant.
Quels sont les principaux défis à relever dans votre métier, et comment les surmontez-vous ?
Le défi reste la communication faire comprendre ce qu’on attend à l’élève . La motricité et la connaissance du corps ne sont pas toujours évidentes . Trouver le bon discours et épuré le mouvement. Avoir des mots précis et des gestes claires. Les défis sont liés souvent aux évènements extérieurs une mauvaise nuit, la météo, un changement d’heure de la pratique du yoga… Tout cela peut perturber ce public sensible et fragile. Il faut bien connaître ces élèves et leurs centres d’intérêt . Savoir les ramener dans le ici et maintenant dans le cours de yoga, rester calme, prendre le temps de les rassurer.
Comment voyez-vous l’avenir du développement personnel et son impact sur la société ?
Je le vois de manière très positive quand il est accessible à tous. La société peut y trouver une paix intérieure si cela reste dans une pratique collective. Je trouve personnellement que les pratiques en ligne ferment un peu cette joie du groupe et voir un professeur en vrai. Il faut pouvoir combiner les deux.
De votre point de vue, quels sont les nouveaux enjeux de votre métier dans le monde actuel ?
Continuer à voir nos élèves, pouvoir en vivre sans s’épuiser, la charge administrative qui augmente d’année en année sans formation. La pression de la présence sur les réseaux sociaux. Continuer d’avoir un regard neuf sur une pratique traditionnelle pour l’enseigner à tous.
Avez-vous des anecdotes ou des histoires inspirantes liées à votre travail dans le développement personnel que vous pourriez partager ?
Les retours de nos élèves présentant un autisme qui verbalise pour certains le fait que cela leur fait beaucoup de bien ou encore cette jeune fille dans un IEM qui me demande des cours tous les jours avec elle est très stressée…. Ce public est très touchant une grande partie sont conscient de leurs handicaps et ils ne font pas semblant, ils sont eux entièrement et avec 100% de bienveillance et dans la joie.
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